Je suis accro au porno : témoignage et conseils pour en sortir

Sans vouloir mener le procès du porno, en consommer beaucoup pourrait entrainer de terribles répercussions sur le plan personnel et sexuel. Un sexologue nous explique ce qui est en jeu derrière une addiction au porno et les solutions pour en sortir.

Pour comprendre en quoi l’hypersollicitation pornographique atteint la sexualité, je vous propose de lire dans un premier temps le témoignage saisissant d’un pornaddict, puis les conseils de notre expert Sébastien Garnero*, psychologue et sexologue.

Témoignage d’un pornaddict

Damien, amateur de X, nous explique comment sa consommation de porno a provoqué chez lui un burn-out sexuel.

« La main de Naomie est enfoncée dans le triangle de son string léopard rouge. Elle s’accroupit en se trémoussant au-dessus d’un homme à la peau claire, sur l’écran de mon ordinateur. Son string ne cache rien du tout. Je recule ma chaise et je descends d’un cran l’élastique de mon bermuda. La caméra cadre maintenant ses fesses proéminentes. Naomie les a siliconées. S’il m’arrive d’avoir trois éjaculations en une nuit en zappant sur Youporn, c’est très rare dans une situation réelle. Mes récepteurs sensoriels ne seraient plus réceptifs au réel à force d’être sollicités, selon mon psy.

Je devrais décrocher du porno, partir en vacances avec Eva, ma copine depuis six mois. Lorsqu’elle vient me voir avec une énorme envie, je suis souvent en burn-out sexuel. Dans ces moments-là, je me sens incapable d’assurer un cunnilingus ou une pénétration, alors je prétexte un boulot qui m’a pris la tête, un dîner trop arrosé la veille. Si Eva me coince, je transpire à l’idée de débander. Cela s’est produit la dernière fois qu’on a fait l’amour. J’ai dû penser à Naomie. La honte m’a pris quand j’ai éjaculé sur le drap sans avoir eu le temps de pénétrer Eva. Je lui ai dit : « Je ne sais pas ce qui m’arrive. »

Une addiction comportementale

Ainsi que l’explique notre expert, toutes les addictions mettent en place les mêmes schémas. « La « pornaddiction » ou « porndépendance » fait partie d’un cadre plus large des addictions comportementales, à différencier des addictions liées à une substance ou à des drogues diverses. Cependant, le système de récompense du cerveau est quasiment le même qu’en cas de consommation de stupéfiants : il se produit une décharge de neuromédiateurs entrainant une sorte d’équivalence de « shoot », notamment dans la phase orgasmique. »

Cela engendre :

  • un envahissement de la sphère psychique : l’esprit est occupé par le fait de renouveler ce type de sensations, de cacher cette addiction à son entourage, d’augmenter les doses pour pouvoir en ressentir les effets, etc. ;
  • un phénomène de surenchère : on cherche à générer une excitation toujours plus forte en augmentant l’exposition, ou en variant les scénographies, amenant parfois le sujet vers une forme de sexualité de plus en plus extrême ou de plus en plus déviante, qui l’éloigne parfois de sa sexualité réelle, voire de son orientation sexuelle ;
  • une sensation de manque : cette accoutumance entraîne le sujet à persévérer dans cette conduite malgré la connaissance des conséquences négatives sur sa vie personnelle, sociale, voire professionnelle.

Différents types de dépendance sexuelle

Si toutes les dépendances ont un noyau commun, l’addiction au sexe a ses spécificités. On peut observer différentes formes de présentations cliniques : masturbationcompulsive, addiction à la rencontre sexuelle, exposition compulsive aux sites X, consultation frénétique de service téléphoniques, de petites annonces des journaux, de sextos, de photos x, de réseaux sociaux, de webcams, fréquentation régulière de sex shops, peep shows, escorts, bars lap-dance, etc.

« La porndépendance correspond spécifiquement à une perte de contrôle de sa sexualité à cause d’une surconsommation de pornographie. »

Un problème relativement masculin

Selon un récent sondage Ifop 2019, une femme sur deux (47 %) admet avoir déjà été sur un site X. Une proportion dix fois supérieure à celle notée en 2006 (4 %). Pourtant, « ce type de dépendance sexuelle est le plus souvent le commun des hommes. Dans le cas spécifique et minoritaire des femmes présentant ce type d’addiction, d’autres problématiques psychologiques plus lourdes sont souvent à l’œuvre. »

Comment distinguer une utilisation pathologique d’une utilisation récréative ?

Ce type de comportement devient pathologique uniquement en cas de surconsommation : « Elle est, bien entendu, à distinguer d’une utilisation occasionnelle ou récréative de la pornographie, qui peut être motivée par la curiosité d’exploration de différentes facettes de la sexualité ou d’une recherche d’un plaisir autoérotique ponctuel. » Le fait de regarder, seul.e ou en couple, de la pornographie pour stimuler ou éveiller le désir ou encore développer une fantasmatique particulière ne représente pas une addiction.

« C’est essentiellement l’usage compulsif, envahissant et quasi-exclusif qui fera basculer sur le versant de la pornaddiction et de ses vicissitudes », conclut Sébastien Garnero.

Pornaddiction : quelles conséquences ?

L’addiction à la pornographie distance de l’autre et peut engendrer des problèmes personnels importants.  « Le prêt-à-fantasmer de l’industrie du porno ne remplacera pas  l’imaginaire érotique personnel et la singularité de ses propres fantasmes qui demeurent les principaux moteurs du désir et de la libido dans la sexualité humaine. »

A terme, les conséquences sont fâcheuses tant sur le plan psychologique (isolement ou retrait social, altération de l’estime de soi, irritabilité, syndrome, de manque, anxiété, atonie …) que sexuel (altération de la perception de la sexualité, dissociation entre sexualité virtuelle et réelle, perte de libido dans le couple, dysfonctions sexuelles variées….).

Quelles solutions quand on est addict au porno ?

Heureusement et comme souvent : des issues sont possibles.

  • Une prise en charge médicale, thérapeutique et sociale : « Comme toutes les problématiques addictives, un accompagnement psychologique avec un professionnel de santé sera nécessaire. Idéalement, quelqu’un formé à la fois en psychologie ou psychiatrie et sexologie. Il s’agira d’évaluer avant tout la sévérité de l’addiction, les différents facteurs environnementaux, psychologiques et sexuels qui ont pu déclencher cette addiction; les facteurs surajoutés ou d’éventuelles polyaddictions (comportementales, drogues…), les répercussions sociales, professionnelles, de couple… »
  • L’aide d’un proche ou du conjoint, s’il y en a un.e, pourra être un atout important pour sortir de cette addiction plus rapidement notamment quand il y a des répercussions fortes sur le couple.
  • Le sevrage : comme pour toute addiction, un sevrage sera, à un moment donné ou un autre, nécessaire.

Avilissement, problèmes érectiles et/ou éjaculatoires, exclusion et insatisfaction des femmes… La liste des méfaits de l’addiction à la pornographie est très longue. Alors, s’il vous plait, si vous aimez le sexe et que vous voulez que ça dure… cadenassez Youporn !

* En savoir plus : le site de Sébastien Garnero, psychologue et sexologue.

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